ILLE-SUR-TÊT 25-18 VILLEFRANCHE - Complexe Balussou, à Pamiers. - Mi-temps : 2-12 - Arbitre : M. Drizza. - Spectateurs : 1500 environ.
ILLE-SUR-TËT : 3 essais Jampy (48e), Lapierre (52e), Borras (88e), 4 pénalités (12e, 48e, 63€), 3 transformations, 1 drop (82e) Belkhiri.
VILLEFRANCHE : 3 essais Ginestet (22e), Gruppi (33e), Johnstone (73e), 3 transformations Willis.
Carton jaune Villefranche : Nikolic (48e).
Equipes
Ille-sur-Têt : Lapierre, Ferrer, Baille, Jampy, Boudebza, Soula, Netche, Burghoffer (cap.), Pujol, Pastor, Capillaire, Tr Margalet, Belkhiri. Remplaçants : Borras, Beltran, Traquini,
Villefranche : Gruppi, Nunigé, Fourquet, Clou, Brugel, Willis, Pallares (cap.), C. Lafon, Vigroux, Yèche, Ugaia, Ginestet, Roux. Remplaçants : Nikolic, Gohon, Johnstone, L. Lafon, Al Ghannoufi, Sournac.
Payant leur indiscipline, les Villefranchois ont laissé le titre de champion à Ille, dimanche, en fin de match.
La gueule de bois. Pas celle née de l’ivresse de la veille et d’une nuit enchanteresse. Non, malheureusement, celle-là n’était pour Enzo Gruppi and Co. Mais celle d’être tombé au combat, les armes à la main. Peut-être même un peu trop les armes à la main. Les Villefranchois ont ainsi dû se réveiller ce lundi matin avec un sacré mal de casque. Eux qui ont longtemps cru tenir leur Graal, ce titre de champion de France d’Élite 2 qui leur tendait les bras hier après une première période tout en maîtrise dans un stade Balussou de Pamiers qui avait revêtu ses atours typiques de printemps chantant (lire ci-contre).
Sauf que le deuxième acte d’une finale au scénario dingue allait les mettre au sol. Et voir les Catalans d’Ille-sur-Têt, ce village de 5 000 âmes en bordure de Perpignan, chanter à tue-tête, la médaille autour du cou, soulever le fameux bouclier et communier sans retenue avec leurs électriques fans bleu et blanc.
David Collado, le coach des Loups, avait lui compris un peu plus tôt que le train était passé. Portant ses mains sur son crâne comme pour, déjà, se demander comment ce final tant attendu avait pu leur échapper à lui et les siens. " On tenait cette finale, et malheureusement, on l’a laissé filer en seconde période, a-t-il notamment réagi avant de lancer comme pour oublier, mais en donnant déjà rendez-vous : J’espère que ça nous servira de leçon pour la saison prochaine. "
La leçon première restera sûrement celle de se montrer bien plus discipliné. De serrer sans sortir des rangs quand l’ogre catalan, celui que les Aveyronnais avaient vu les sonner déjà en saison régulière, a choisi de piquer.
Carton jaune, drop immense et fin à suspense
Des regrets, les Rouergats peuvent en avoir. Car ce Ille-sur-Têt avait aussi de quoi se faire prendre. Avec son joueur phare Marginet absent, "pour raison personnelle " selon son coach Alexandre Pages qui n’a pas voulu en dire plus hier, comme le leader du pack Thibaut Margalet, incertain dans la semaine, présent au départ sur la feuille de match et finalement trop juste à l’échauffement.
Mais le leader de la saison régulière a renversé son dauphin, lui au complet, après la pause. Via deux essais et une accélération surprise dans le jeu. D’abord avec Jampy et un carton jaune à Nikolic sacrément préjudiciable (lire plus bas). Notamment sur un raid central dingue de Borras pour une passe limpide à Lapierre qui n’avait plus qu’à aplatir. C’était la 52e, Ille repassait en tête, 16-12. Les deux essais de Villef’, avec l’Australien Willis à la manette et Ginestet puis le feu follet Gruppi à la conclusion, ne servaient plus qu’à tenir. Sauf que ce titre et la montée en Élite 1, la bande au président Nicolas Alquier ne comptait pas la laisser filer comme ça. Et la puissance de Johnstone mettait ainsi les deux aspirants sur la même ligne : 18 partout. La partie basculait dans une autre dimension. De celle qu’on se conte des années durant. En disant, j’y étais. L’arbitre devant sortir sur blessure après un protocole commotion non satisfaisant consécutif à un coup involontaire. Et, signe du ciel, c’est Belkhiri, buteur suppléant de Marginet, qui tentait un drop monumental de 40 mètres pour donner le goût de l’ascendant aux Sudistes. Aussi magistral que diabolique pour des Villefranchois qui ont eu beau réagir, n’ont pas su s’en relever malgré une fin de rencontre interminable, bouclée finalement avec l’essai du KO de Borras.
La gueule de bois est bien là. Douloureuse, c’est certain. Salvatrice ? En tout cas, il y a de quoi dire plus jamais ça.
A Pamiers, Aurélien Parayre
Toute la détresse des Villefranchois au coup de sifflet final alors que les supporters catalans - certains très jeunes – envahissaient déjà la pelouse d’un stade Balussou en ébullition après cette finale haletante.
"Maintenant, si on n’a plus le droit de plaquer dans l’en-but…"
On revient de la pause. Ille est pied au plancher, Villefranche accuse le coup. Jampy part aplatir. Depuis l’aile, il prend le temps de revenir vers les perches dans l’en-but. Le colosse Nikolic ne l’entend pas de cette oreille, et tente de sauver la patrie dans un geste inespéré ou presque. L’arbitre n’hésite pas. Il valide l’essai, que Belkhiri transforme. Mais donne aussi pénalité en suivant. Et, surtout, carton jaune au Villefranchois, laissant les siens à 12 pendant dix minutes.
"L’essai à huit points, c’est le tournant, n’a pas caché après match le capitaine aveyronnais Romain Pallares. Je ne comprends pas. Il siffle un placage dans l’en-but. Mais, maintenant, si on n’a plus le droit de plaquer dans l’en-but, faut arrêter le rugby. " Et de poursuivre sur le ton de l’ironie : "La prochaine fois, on laissera marquer, comme cela, ça fera un essai à six points seulement…"
Un fait de match, voire LE fait du match, certes, qui n’explique pas à lui seul le revers aveyronnais, mais qui a fait parler. Le coach David Collado également. " Non je ne le comprends pas, a-t-il lâché. Le joueur d’Ille met du temps pour aplatir, notre joueur plonge sur le ballon pour essayer qu’il n’aplatisse pas… C’est incompréhensible pour moi, même si ce n’est pas l’arbitrage qui nous fait perdre le match aujourd’hui."